Dépossédé
Je me sens dépossédé. Dépossédé… étrange.
Comme si j’étais au centre de quelque chose dans quoi je ne suis pas au centre.
Ce qu’on appelle la normalité, c’est être porté par quelque chose, que ça nous possède tout en s’arrêtant à notre peau, plus loin c’est nous-mêmes qui faisons le boulot. Dépossédé, il n’y a plus rien dedans, je ne peux faire aucun boulot. Et puis ça ne me porte pas. Ça me traîne, un peu, c’est tout.
Et être possédé, c’est quand ce qui nous porte ce substitue à nous-mêmes, prend la place de ce qui, normalement, contrôle (contrôle mon corps et tout ce qui va avec). Ce qui peut d’ailleurs être une stratégie pour ceci afin de se désengager.
Nous vivons au rythme des dispositifs que nous traversons, disait Belin. On encore au rythme des captures : possessions, dépossessions, repossessions… Comme ces danses de vieux dans lesquelles on tourne et passe de cavalière à cavalière. Nous seulement dans l’effervescence d’un groupe, ce qu’a inventé le 20e siècle si l’on en croit Badiou, ou alors tous seuls dans un dispositif vraiment totalitaire, vraiment démocratique, comme dans la techno. Pluralité des captures et les captures elles-mêmes, ou répétition de la Capture mon moi face à elle(s).
Où me placer moi, où être, qui être ? Ce qui contrôle dans mon corps, ou autre chose encore, ceci n’étant que l’un des instances du décor ?
Laing disait que la folie est tout à fait rationnelle, qu’elle est un ‘‘choix existentiel’’ vers ce qui fait le moins souffrir (si l’on tient compte d’un relativisme à cet endroit-là ; parce qu’on ne sait pas le dire autrement et que la souffrance et tellement codée, déjà interprétée).
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