mercredi, novembre 15, 2006

J'aime pas la sociologie

Sociologue, c’est le pire. Ou presque. Parler d’autre chose. Pas de toi, non, pas de toi. Toi tu n’existe pas. Ça, toi, c’est à reléguer dans les questions. C’est bien, ça, de poser des questions, mettre des points d’interrogation, soulever des débats. C’est bien parce que l’avantage c’est de ne rien changer. Les journalistes le savent, c’est l’une de leurs méthodes favorites. C’est pas que ça déplace le regard dans l’abstrait ou dans le possible futur et ainsi ne convie pas à regarder ce qu’on a sous les yeux. Ça c’est la vieille méthode. Maintenant, la technique se purifie, se purifie de tout réel on dirait. Il s’agit juste de poser les questions, tout le monde a enregistré que le réel, qu’il existe ou pas, en tous les cas on s’en fout. C’est juste un travail, c’est juste pour parler. Le réel n’existe que si on le postule dès la base, ou que si on y tend comme but. C’est pour ça qu’en ne faisant que réfléchir, ou qu’un travail, que parler, on ne voit pas pourquoi on le présupposerait, ou pourquoi on y tendrait, car on tend déjà vers quelque chose, quelque chose d’autre, condition il est vrai pour remettre en cause tous les présupposés, pour envisager de ne se poser sur rien. Pour rester dans le langage. Un « double » parfait, en pensant à Rosset.

Voilà : t’es en face d’un réel et tu dois en parler. C’est un peu Gaëlle qui me disait : tu vois la montagne, là ? et bien dessine-la, dessine ce que tu vois. Hein ? Et puis aussi, ça là je ne le savais pas, forcément, je ne connaissais rien à l’art : tu es au sein de quelque chose, là, alors dessine ce que tu vois de là. Techniquement, c’est simple, les peintres modernes l’ont bien compris quand ils étaient à l’Académie (voyez les premiers Matisse, quand il était encore à l’école : de ‘‘magnifiques’’ natures mortes, très très ressemblantes). C’est bien ça, du coup je peux faire le même boulot que mon père : plombier. Puisqu’il s’agit juste de raccorder deux choses. Seulement il faut le vouloir. Disons : il faut avoir confiance, ou pas d’amour-propre, ou avoir foi en sa position excentrée, tierce, que c’est juste un travail, que c’est juste faire preuve de technique et que ce n’est pas moi du tout, mais un double de moi. Où je suis, quel est mon regard, dans quoi est-ce que je me protège ? Cela, moi seul peut y répondre. A moins, bien sûr, de faire corps avec ce que l’on dit, comme les vieux dans les repas de famille quand on aborde les sujets politiques : faire partie de l’institution, la représenter, l’incarner même. Même en construire une nouvelle, c’est un peu pareil encore.

Bref : où est mon chemin ? où suis-je — c'est-à-dire : où est je, où je suis moi — ?

Trace ta route.

(Des oiseaux morts dans la tête.)

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Quelquefois nos statistiques servent à quelque chose, bonjour donc et merci de vos visites !
IDC

11:30 AM  

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