Dernières nouvelles d'un pas grand-chose
J’ai ‘‘destressé’’, je me suis ‘‘calmé’’. J’ai enlevé ma veste, mon écharpe et mon pull, sous lesquels j’étais en nage, j’ai chié et pissé, j’ai mangé ; voilà, je suis à peu près calme, si l’on excepte msn et Internet.
Les causes peuvent être recherchées dans quelques éléments : je n’avais rien mangé depuis le grignotage d’hier soir, j’ai bu un café et deux cocas au café, fumé trop de clopes, j’avais trop chaud sous ma veste et mon pull, car il fait grand soleil (qui là inonde la pièce aux couleurs chaudes, les grains de poussière sont très jolis), j’avais ma veste ouverte avec l’écharpe, et le pull le futal les chaussures, je me trouvais très bien (pour moi, j’entends). Je commençais à marcher dans ces rues que je ne connais que peu, trouvant mon chemin sans trop y penser, sans qu’il soit habituel non plus. J’avais un but certain, un rythme de marche, tout allait bien.
Cela a commencé avec des paroles comme « it is sweet to hear your voice », faisant penser à du Jeff Buckley, « it has begun to… and touch »… Après il n’y a plus de paroles, et puis il y a des trous (pour une fois, il y a une langue précise, en même temps). Ensuite c’était plutôt de cette espèce de blues que Tarantino aime bien mettre dans ses films, façon Nancy Sinatra, c’est son morceau qui me vint en tête sur le moment.
Après cela, du violoncelle, puis du violon, des notes : voilà, de la musique juive ! Mais nécessité de trouver le « troisième temps de la valse », n’est-ce pas, alors on essaye, on tâtonne, et bientôt les percus doivent faire leur petite entrée. C’est arabe, comme musique, là, plutôt, dirait-on. Mais voilà déjà une voix, une voix d’outre-tombe toute japonaise.
Après… après, pas grand-chose. Un bref mot conscient, tenter d’être ‘‘normal’’, de se dire des choses comme d’habitude, mais l’angoisse se fait sentir, le manque d’air… Juste après m’être demandé si j’allais rester debout ou si j’allais commencer une sorte de transe. Sortir ou y rester, et se poser la question c’est déjà en sortir… Alors en sourdine le rythme continue, mais maintenant à l’arrière-plan.
J’arrive à l’appartement, je suis en nage, j’ai le cœur qui bat trop vite, il me faut me calmer. Tout cela est très normal, même banal, je le sais bien, mais d’un autre côté, du côté de la ‘‘normalité’’, cela tend plutôt du côté de l’étrange et du pathologique. Enfin, c’est moi, avec ma culture composite de bâtard jamais enraciné. Sans beaucoup d’originalité, sans aucune virtuosité, mais que voulez-vous y faire. Je me sens bien, voilà tout. Comme cette fois où, gaillardi par deux bières, je fis sans même y penser quelques kilomètres à vélo, dont quelques uns dans une légère cote, sur le grand plateau, moi qui n’ai ni muscles ni souffle, arrivant avec les poumons comme s’ils avaient triplé de volume, le cœur battant au maximum, me chantant des chansons comme on peut en entendre dans O’brother, des chants des champs, du travail, en lancinante psalmodie. Entre deux prises de tête et l’heureuse perspective d’un voyage à l’autre quart du monde, voilà les dernières nouvelles d’un pas grand-chose.
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