lundi, décembre 25, 2006

Soudain il fit très froid, vraiment très très froid

Ces pages qui n’en finissent pas de charger. Yeux en l’air le condamné regarde la guillotine tomber une image par seconde. Le temps du Stabat Mater ?

Papa, ça marche pas internet, ça marche pas ça marche pas. Je ne savais pas faire, maintenant les pages se chargent. Chargées de conneries et d’incompréhension, de passion et de vide sidéral. A-t-il compris, il a mis le Stabat, je n’ai fait que pousser le volume à fond (mais le Stabat Mater n’est jamais assez fort).

Pourquoi fait-il si froid, d’un coup ?

Ces quelques lignes à l’affichage rapide, juste avant que le sang ne fasse qu’un tour, n’étant plus nulle part dans le corps. V., deux points et parenthèse fermée ? Sais pas, demande à A., mais elle dort. A. A. A. ! Mhhh…. Quoi encore ? ça veut dire quoi deux points et parenthèse fermée ? Un bonhomme pas content, pourquoi ? T’es trop nul, toi ! oui je sais, merci. Battements interminables : il manque une page, une seule, sur trois messages lapidants.

Pourquoi je tremble ?

Mon grand-père vient visiter les lieux. Dis-moi, A. me dit de te dire : deux points et parenthèse fermée, c’est un bonhomme qu’est content. Ouverte ! Ouverte !! Mais je ne peux pas crier, non, rester bien sage surtout, sinon ils vont bien m’énerver et je n’aurais nulle part où me cacher. Parenthèse ouverte, bien sûr.

Retourner la cassette, pourquoi n’est-ce pas plus fort, ces saletés de violons devraient crever l’espace, arrête donc de trembler.

Si basse image mon œil, j’imagine rien du tout (et ça voudrait déconnecter en plus ; il n’y a bien que ça qui soit en bas débit, dans la vallée les montagnes trouvent d’autres expressions). Je ressens sur le dos la trace de tes doigts.

J’ai des sentiments ! Trop plein ? Chaque départ est une déchirure, j’essaie de me faire dur pour ne pas m’étaler. Dur : que nerfs et mains (cerveau ? à peine), en tension scripturale. Nécessité de ne pas avoir de sentiments pour ne pas souffrir, c’est quelque chose que je connais. Beaucoup trop, même. La seule personne qui en a éveillé en moi ?

Les sentiments n’ont pas encore de mots en moi. Parle de moi parle de moi !

La page s’affiche, mon sang se retire.

Vais-je devoir retourner là où je ne veux pas aller ?

Nous n’avons peut-être pas le même monde. Pas les mêmes problèmes non plus. J’ai l’amour sourd, et un tantinet muet. Je sais bien mes défauts. Que je ne sais pas exprimer mes sentiments, que je m’attache si près qu’il n’y a pas la place pour un mot. Tant de travail à faire sur soi. Nous savions tous les deux qu’il nous fallait du temps.

Je suis vide, vide, je n’ai jamais été aussi vide, ni jamais aussi froid. Envoyé au néant.

Dès que je dis quelque chose, c’est l’esclandre. Douleur atroce de ne pouvoir parler que sans ses sentiments, comme s’ils n’étaient pas là, comme s’ils n’existaient pas.

Sans se voir, sans se toucher. J’ai toujours cherché, j’ai toujours voulu, j’ai toujours considéré les sentiments comme trop précieux pour être lâchés dans des formules trop stéréotypées, je ne les ai pas trouvées, mes expressions sentimentales, au bout de la course à toucher l’autre, mais c’est pour quand ?

La cassette encore s’éteint, je ne veux pour l’heure que le Stabat à fond et le froid de l’hiver. Les tremblements du corps, les fourmis dans les jambes. Défi des sentiments, loin du grain de ta peau.

Sans mot pour l’heure, que le vide à creuser.

Je ne t’appellerai pas, promis.

Ne pas se rappeller, non ne pas se rappeller, surtout ne pas se rappeller, les souvenirs à la porte, la maintenir fermée, mais pour combien de temps ?

Mon corps te crie.


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