Journée de merde
J'ai passé une journée à chier, j'arrive tout mal à respirer, j'ai besoin de vivre un peu mais c'est pas vraiment possible, et je me dis que quand on dit quelque chose, la forme importe plus que le contenu.
Donc dans un faux oubli de moi-même qui accentue un peu plus mon envie de vomir, je dirai que je risque de trouver ce soir des expédients à cette journée de merde, histoire de me dire qu'elle n'a pas tout à fait été un grand vide.
Un cours raté, un autre où la prof n'était pas là, une course avec les trams et bus et mes repères d'un quartier souvent traversé sans le connaître, pour arriver vingt minutes en retard à un rendez-vous pour un appart meublé pas trop cher et tout bien si ce n'est son quartier.
Comment fait-on pour ne pas passer par des agences ? Et celles-là qui veulent qui 150, qui 180 euros, pour nous mettre en relation avec des proprios, sans même qu'on sache exactement s'ils existent vraiment ; ce qui est tout de même moins cher que les frais d'agence normaux, s'ils là il n'y en a pas.
Et mon correspondant à l'intérim qui me dit me rappeler le lendemain chaque jour, mon emploi du temps n'est pas stable. Depuis, des visites immobilières se sont encore ajoutées.
Un peu de Foucault lu dans les trams, les bus. L'horreur fnacienne où il n'y a jamais rien d'intéressant à lire, et je ne sais plus m'y retrouver. Impossibilité de rêver, impossibilité d'élaborer quelque chose qui se tienne.
Sensation vraiment que dans la ville les rapports humains sont guidés par des structures chosales qui n'ont pas grand chose d'humaines, où quand ce que je pense a du mal à rejoindre ce que je vis et veux, ce qui m'est banalement normal.
Quoi d'autre ? C'est l'avantage d'être citadin : il n'y a jamais rien d'autre que ce qu'il y a. Sinon à verser rapidement dans la pathologie, ce dont je me préserve en refluant la mort en moi. Citadins comme des Sims : quand ça tourne, ça tourne, mais avant que ça puisse tourner, la mort est si vite arrivée. Et tout au long de cette recherche, quelle sensation d'oppression !
Le mec dans sa tour, tout là-haut. Qu'est le plus important ? Qu'il voie tout et de haut ? Qu'il ait une vision d'ensemble ? Quels sont les modes de projection de qui reste tout en bas, pour obtenir une vue pareille ? Rien n'est plus absurde qu'un bonhomme restant en bas et regardant les autres ; il faudrait qu'il vienne de loin, de haut, pour cela. Qu'il relate sa propre expérience, ce sera déjà suffisant. A moins bien sûr qu'il soit embauché pour dessiner, peintre d'Etat, les illusions nécessaires à son employeur, ce qui ne nécessite guère quelque précaution d'usage.
Quoi d'autre, quoi d'autre ? Dans cette fuite indéterminée qui a été ma journée, chercher des visages féminins -- non, pas exactement des visages, mais dire des culs et quelques seins serait tout aussi inexact. Pas objets de désirs, d'autant moins que s'écoule la journée. Simples repères familiers, sympathiques, dans cette poursuite absurde. Mais ça ne marche pas vraiment ; vaut mieux faire un sourire à la serveuse, les chances de réponse sont moins faibles (pauvres serveuses, si vous saviez le nombre de minables que vous ne feriez pas revenir si vous ne souriez pas).
Après il m'arrive de penser à ces gens qui ne lisent jamais rien, qui ne regardent jamais un bon film, etc. etc., ne sont jamais investis par des puissances qui les dépassent, mais culturellement et non au stade. Ceci paraît déiste, sauf que ces gens, je ne peux m'empêcher de les imaginer comme ces brebis de l'Eglise, sauf que ce n'est plus la même. Ceux qui ont inventé les systèmes dont parle Foucault, et que les sciences humaines n'ont jamais eu d'autre fonction que de renforcer, devaient être bien certains de leur place à l'abri de ceux qu'ils mettaient au pas, en même temps qu'ils devaient avoir bien peur de la perdre, d'où leur surcroît de zèle.
Autre nouvelle, mais elle n'est pas d'aujourd'hui (mais non, elle est de tous les jours). Il y a un endroit, un mot à côté d'une icône orange recélant le signe blanc d'un radar, où une fenêtre s'ouvre avec les nouveautés : qu'il n'y ait rien depuis quelques temps ne cesse pas de me soulager.
Bon, sinon vivement que j'ai ma propre chambre, que je puisse enfin... travailler.
Donc dans un faux oubli de moi-même qui accentue un peu plus mon envie de vomir, je dirai que je risque de trouver ce soir des expédients à cette journée de merde, histoire de me dire qu'elle n'a pas tout à fait été un grand vide.
Un cours raté, un autre où la prof n'était pas là, une course avec les trams et bus et mes repères d'un quartier souvent traversé sans le connaître, pour arriver vingt minutes en retard à un rendez-vous pour un appart meublé pas trop cher et tout bien si ce n'est son quartier.
Comment fait-on pour ne pas passer par des agences ? Et celles-là qui veulent qui 150, qui 180 euros, pour nous mettre en relation avec des proprios, sans même qu'on sache exactement s'ils existent vraiment ; ce qui est tout de même moins cher que les frais d'agence normaux, s'ils là il n'y en a pas.
Et mon correspondant à l'intérim qui me dit me rappeler le lendemain chaque jour, mon emploi du temps n'est pas stable. Depuis, des visites immobilières se sont encore ajoutées.
Un peu de Foucault lu dans les trams, les bus. L'horreur fnacienne où il n'y a jamais rien d'intéressant à lire, et je ne sais plus m'y retrouver. Impossibilité de rêver, impossibilité d'élaborer quelque chose qui se tienne.
Sensation vraiment que dans la ville les rapports humains sont guidés par des structures chosales qui n'ont pas grand chose d'humaines, où quand ce que je pense a du mal à rejoindre ce que je vis et veux, ce qui m'est banalement normal.
Quoi d'autre ? C'est l'avantage d'être citadin : il n'y a jamais rien d'autre que ce qu'il y a. Sinon à verser rapidement dans la pathologie, ce dont je me préserve en refluant la mort en moi. Citadins comme des Sims : quand ça tourne, ça tourne, mais avant que ça puisse tourner, la mort est si vite arrivée. Et tout au long de cette recherche, quelle sensation d'oppression !
Le mec dans sa tour, tout là-haut. Qu'est le plus important ? Qu'il voie tout et de haut ? Qu'il ait une vision d'ensemble ? Quels sont les modes de projection de qui reste tout en bas, pour obtenir une vue pareille ? Rien n'est plus absurde qu'un bonhomme restant en bas et regardant les autres ; il faudrait qu'il vienne de loin, de haut, pour cela. Qu'il relate sa propre expérience, ce sera déjà suffisant. A moins bien sûr qu'il soit embauché pour dessiner, peintre d'Etat, les illusions nécessaires à son employeur, ce qui ne nécessite guère quelque précaution d'usage.
Quoi d'autre, quoi d'autre ? Dans cette fuite indéterminée qui a été ma journée, chercher des visages féminins -- non, pas exactement des visages, mais dire des culs et quelques seins serait tout aussi inexact. Pas objets de désirs, d'autant moins que s'écoule la journée. Simples repères familiers, sympathiques, dans cette poursuite absurde. Mais ça ne marche pas vraiment ; vaut mieux faire un sourire à la serveuse, les chances de réponse sont moins faibles (pauvres serveuses, si vous saviez le nombre de minables que vous ne feriez pas revenir si vous ne souriez pas).
Après il m'arrive de penser à ces gens qui ne lisent jamais rien, qui ne regardent jamais un bon film, etc. etc., ne sont jamais investis par des puissances qui les dépassent, mais culturellement et non au stade. Ceci paraît déiste, sauf que ces gens, je ne peux m'empêcher de les imaginer comme ces brebis de l'Eglise, sauf que ce n'est plus la même. Ceux qui ont inventé les systèmes dont parle Foucault, et que les sciences humaines n'ont jamais eu d'autre fonction que de renforcer, devaient être bien certains de leur place à l'abri de ceux qu'ils mettaient au pas, en même temps qu'ils devaient avoir bien peur de la perdre, d'où leur surcroît de zèle.
Autre nouvelle, mais elle n'est pas d'aujourd'hui (mais non, elle est de tous les jours). Il y a un endroit, un mot à côté d'une icône orange recélant le signe blanc d'un radar, où une fenêtre s'ouvre avec les nouveautés : qu'il n'y ait rien depuis quelques temps ne cesse pas de me soulager.
Bon, sinon vivement que j'ai ma propre chambre, que je puisse enfin... travailler.
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