Je suis venu te dire que je serai là

Reggiani au réveil. Je l’aurais presque aimée. Une chanson aux paroles un peu simulacre. Pourtant je n’aime pas Reggiani, d’habitude. Gréco, vraiment, elle aura tout fait.
J’ai eu une demie-heure de retard parce que mon réveil n’a pas marché, je n’ai plus du l’entendre au bout d’un certain temps. Le sursaut n’est venu qu’à 6h02. Je ne rêve pas, quand je travaille. Je m’endors et me réveille sursaut. Un peu comme la fac au début, c’est pour ça qu’après je ne fonctionnais plus pareil, adaptant la fac à mon rythme biologique.
Pas besoin de mp3, j’ai des musiques en tête. Un véritable juck-box qui se met en route tout seul. C’est le web 6.0 : la musique se met en route toute seule selon ton humeur, ce à quoi tu penses ; même pas besoin d’indiquer sa mood, c’est un peu comme les ‘‘visualisations’’ sur le media player. Il y a eu Je suis venu te dire que je m’en vais de l’ami Gainsbourg, une chanson un peu trop romantique, il m’aurait fallu une version encore plus second degré, simulacre, une manière de dire je m’en vais, une partie de moi s’en va, un masque, l’une de mes incarnations, elle s’en va pour toujours, tu ne la reverras plus, mais moi, moi, moi je suis toujours là. Et puis la BO de Requiem for a dream.
C’est bien l’intérim, ça permet de changer souvent de travail. Envisager un travail, le jouer, en partir, c’est fini. Seulement ce matin je me suis retrouvé tout bêtement sous les ordres d’une caissière pour vider les palettes dans les étalages plutôt qu’à faire le ménage, et ça n’allait pas du tout. Impossible de me mettre à fond dans le travail pour arriver à penser à autre chose. Constamment quelque chose n’allait pas, j’étais à côté de la plaque. C’est dans ce cadre-là que le juck-box se met en route tout seul.
A 8h30 il y a déjà des clients. Plein de clients. Et des petites vieilles qui ont regardé le catalogue, c’est comme le Petit Bulletin et les affiches cinématographiques. Ah d’ailleurs, penser à jeter un œil. Les sorties le mercredi. La plante, là, je ne la vois pas, vous savez où elle ? « Ben j’en sais rien, allez demander à une caissière plutôt ». « C’est qu’on ne la pas reçue, madame ». « Le parmesan italien qui devait sortir aujourd’hui, vous savez où il est ? ». « C’est qu’on ne l’a pas reçu, madame. Désolé ». Vraiment, l’impro ça ne marche pas chez moi quand je ne me sens à ma place. Bon et j’ai fait le tour des rayons. Regardé une humanité catastrophique. Des petites vieilles toutes normales qui vivent normalement, toutes pleines d’habitudes. Elle était mignonne celle qui cherchait des petites briques de jus d’orange mais un eu plus grandes que celles-là, « vous savez quand on est attaché à un produit on aime bien le retrouver, ça fait longtemps qu’il n’y en a plus ». Si vous le dites. C’est touchant. On se demande ce qu’elles attendent, si ce n’est pas la mort. Retrouver ces objets auxquels elles tiennent, peut-être. Sauf qu’elles n’ont rien compris, les zouaves, un tel objet sert à construire le futur, bordel ! Si c’est ça être vieux je me demande bien à quoi ça sert.
Moi je tiens à plein de choses. Pour ne pas parler des êtres. Pour ne pas le dire au singulier. Et je suis très déprimé quand ça se conjugue au présent. Tu te souviens des jours heureux, et tu pleures. Conjuguer au futur. Et le vivre. Au présent.
La vie sans toi c’est une errance sans but. Sans présent. Ni futur. Un à-vau-l’eau dans lequel je tente seulement de rester concentré. D’unir ma volonté. Sans cela comment me présenter face à toi. Sans cela je pourrais en mourir. Si si. Je te fais une prière. Je te veux.
Et pour longtemps encore.
4 Comments:
Des choses précieuses ? Jetées là aux yeux de tous, dans cette hypervisibilité tant décriée "en privé"? Mais cela, glissant sous mes yeux, devient une vaste blague. J'aimerais te faire voir la nécessité d'une bonne hygiène et de tests sanguins, plutot... Car il n'y a pas à une seule personne que tu manques de respect; j'aimerais aussi que tu t'abstiennes un moment de sublimer le réel avec tes prières hypocrites. Ou bien, envoie une lettre et des chocolats.
Et mainteant j'attends de voir dans quel ordre s'opèrera la suppression... :D
Cela dit, tes tavaux sont fort intéressants (j'allais t'envoyer un mail, mais j'en profite ici, puisque j'y suis). J'ai surtout été frappée par cette idée : "la différence fondamentale existe moins entre l'être et l'apparence, la forme et le fond, qu'entre ce qui se forme et ce qui est formé". Un processus, donc. Mais tu le décris en des termes contradictoires, et je ne sais pas encore jusqu'où ton intuition est semblable à la mienne. Mais bon, j'expliciterai un peu plus tard. Il faut déjà que je sorte manger...
Ce n'est pas nécessairement hypervisible. Pas grand monde ne vient ici, il me semble, parmi les personnes que je connais ou les autres, et c'est loin d'être un espace de rencontre pour les premières. C'est donc un "lieu" à la fois public et privé, semi l'un semi l'autre.
Et c'est loin d'être hypocrite. C'est médiatique sans être hypocrite.
Ici, cependant, ce n'est pas vraiment le lieu de cette suite de notes compilées. Y'a scalp, pour ça...
Moi je viens de manger. 10 heures que je suis debout et c'est la première nourriture que j'avale.
Ah mais, l'hypervisibilité, ce n'est pas moi qui le dit! C'est toi même. Je te cite. Voilà du copié collé :
"Ce n'est pas un espace de vie,les blogs,c'est une sorte de tombeau, une petite boîte où l'on range quelques objets;mais pas la boîte aux objets chers, pour autant,celle-ci ne saurait exister dans un monde d'hypervisibilité; les objets chers sont diffusés, cryptés dans le visible,ou sont gardés pour soi"
Et puisque tu l'as dit pour justifier la supression du précédent post et du précédent commentaire (pour des raisons connues de toi seul) c'est en cela que réside l'hypocrise. Car s'il est aisé de faire dire aux mots tout et son contraire, il n'est pas si aisé de manier les consciences. Mais peut être n'en vois tu pas l'hypcrisie (comme le président de la république, avec ses sincérités successives, toujours aussi convaincu de ce qu'il dit, quelle qu'en soit la simulation)...
Puisque tu viens de manger, je te souhaite une bonne digestion :)
Je reviendrai à tes travaux sur le mythe plus tard, dans un lieu plus approprié. Mais à y suivre tes raisonnements, je commence à voir d'où viennent tes paradoxes.
Là je vais profiter du soleil et me promener aux Abbesses avec une copine.
(Du reste, je suis sidérée qu'il n'y ait pas encore eu de censure)^^^ :D
Ceci fait référence à des blogs largement fréquentés et qui suivent une certaine ligne directrice, par ex où le blog est une médiation de soi-même, ou quand il y a médiatisation pathologique de quelque chose de vécu en privé entre des personnes en présence.
L'hypervisibilité c'est le plus intime propulsé dans le plus public ; il faudrait voir ce que donnerait l'autre, d'ailleurs, ce serait également une horreur. Ici ce n'est pas le cas : c'est moi l'auteur et les messages sont des médiations dans un espace miprivé mipublic.
Et le blog n'est pas le moyen de communication privilégié. D'ailleurs, si tu veux me mailer des remarques et autres sur la suite de notes que je t'ai envoyée, n'hésite pas.
Et je ne sais pas si tu as remarqué, au creux de choses non abstraites, une perdurance de l'anonymat. Cependant je ne sais pas si c'est lisible pour qui ne me connaît pas du tout...
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