Culture de la police, et inversement
A la bibliothèque de la Part-Dieu, la file des retours est plus longue que la file des prêts. Les gens regardent autour d’eux comme s’ils étaient punis, et déjà est-il absurde d’attendre si longtemps pour simplement rendre des bouquins ! Ailleurs on se dirait qu’il doit y avoir un problème, mais là, non, pas du tout. C’est la petite honte du lieu, quelque chose de tout à fait normal. Des probables thésards effectuent la corvée, visage fermé et totale absence de communication, de fouiller tous les documents qui reviennent : on fait aller les pages d’un livre de la fin au début, en revenant si on n’a pas bien vu, on dépiauter tous les disques. J’ai eu exactement le même sentiment, pendant que le bonhomme enregistrait le retour de mes six bouquins, que lorsque je me suis fait « contrôler mon identité » et fouillé au corps, poches vidés, par les flics à… ben tiens, à Part-Dieu. Et pendant que je cherchais Legendre, Marin et Baudrillard sur les ordinateurs, dans un escalier des flics coursaient des jeunes à un rythme tel qu’on aurait cru un ralenti ; de dangereux criminels, évidemment ; mais oui, chers policiers, nous avons très très peur, ne cherchez plus. Ce qu’il y a de bien ici, c’est qu’on peut rendre tous les bouquins dans n’importe quelle bibliothèque ; et moi, je crois que c’est ce que je vais faire.
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