lundi, janvier 29, 2007
dimanche, janvier 28, 2007
Spleen (On boarding)
Triangulé au sein des productions culturelles, entre leur fond et leur forme, on en oublie de produire du sens et de se produire soi (et pas exactement de produire des productions culturelles). A ne pas pouvoir en sortir, croit-on, on se ‘‘construit’’ asservit dans des formes et des fonds donnés, un peu plus, un peu moins, on les oublie et ils nous pèsent, on ne parvient à oublier qu’ils nous pèsent. — Je passe mon temps à me plaindre.
BloodDiamonds. Encore un film qui repose sur les affects qu’il peut faire éprouver afin de faire passer un message, gravé dans des images stéréotypées et des sensations qui leur sont associées. C’est cela qu’on recherche, c’est cela qu’on éprouve, c’est cela même qui importe, n’est-ce pas, les affects, les affects comme indicateurs de la vie, et leur travail (c’est déjà autre chose) comme polissage de celle-ci. Mais il faut se prémunir en cas d’un tel travail, car les gros éclats heurtent et blessent à la moindre anicroche. Cette distance n’étant pas possible…
Internet toute la nuit précédente et toute la journée. Mort et sexe. Signifiants transparents, pièces trop épaisses pour ne pas rentrer dans le plateau de bois creusé. Accès direct aux choses, car la vitre est si propre. A se perdre — comment ? n’est-ce donc pas là que tout le monde va ?
Ne pas sortir, rien à faire. Pourquoi donc ? Pour qui, avec qui, qui ? Déjà hier, un immense territoire de monstres insensibles, à ne pas toujours parvenir à être le pire d’entre eux. Le visage le plus mort gagne un ticket retour, amor fati de la photographie, éternelle inexistence, les visages dans la rue et dans les catalogues. Et toujours à me plaindre. Des points d’interrogation et des regards méchants, mais la plupart sont vides. Vides comme le mien. Des miroirs en tous points. Je n’ai plus rien à faire ici, n’est-ce pas. Là où je n’ai rien fait (comment puis-je croire que je ferai ailleurs ? Je compte sur la foi du converti ? Probable, en bâtard sans foi qui n’a pas l’intention de se mélanger à ses semblables, dans le cloaque de l’ici).
Tous les week-ends c’est la même chose. Toujours. Parfois je fais semblant, mais toujours cette enclume sur la tête. Et ce corps dégueulasse qui finit par faire mal. Torché lorsqu’entré dans sa chambre, une angoisse euphorique, un mal de tête surtout, et puis plus rien.
[Des lignes sur le miroir en face de rien. Laissées, des traces, à un seul dans la pièce, pas un regard sur l’épaule pour voir la tête du suivant, clic-clac les portes s’ouvrent et se referment comme dans une vilaine banque, entrée sortie sont bien coordonnées. A la craie ou au clavier, vite. Au clavier on dirait. Et trace de quoi. Tout ce qui était dehors a-t-il été marqué. Là ce n’est pas terrible, sa vie, on dirait presque la mienne. S’il y a tout.]
[Moi je ne crains rien, les portes de ma pièce ne doivent pas fonctionner, et puis le miroir est brisé.]
Hier soir : « il n’y a que toi pour être là un samedi soir à dix heures et demie ». Sûr.
Tous les week-ends terminer par se dire : vivement que cette semaine soit mieux. Mais non, ce n’est jamais le cas. Tant de choses à faire encore, qui n’apparaissent que telles des actions à exécuter, où est donc l’intérêt. Tout horizon se coud sans même se mutiler, l’enclume est sur la tête. Dans la caverne il y a tant à voir, n’est-ce donc pas là que tout le monde se trouve ?
Toujours se remettre en chemin. Sur des chemins factices, illusions du moment. Ne pas partir à l’aveuglette, surtout, surtout pas à l’instinct. Et à partir de quoi d’abord ? Rester concentré dans son petit cadre, petite maison paradigmatique, refuge de pacotille, bulle spatiale pour espérer aller loin. Entre deux petits voyages mettre des parenthèses, mais ne rien écrire surtout entre elles car le refuge n’est pas scellé, il y a risque de fuite.
C’est agréable la grotte, caverne de pixels, de sons, d’images, un truc faussement culturel, une image ça suffit. Agréable l’enclume, très agréable. Abrutissement, avachissement. Pas évidents à porter les personnages de Gombrowicz. Ce n’est qu’une parenthèse, comme l’enfant de sortie barbote avec son râteau et son seau dans la boue avec des moulinets des bras et un rictus de gros débile, entre semaines d’école et des rêves dans sa chambre, le soir, comme seule compagnie.
Un rien qui m’impressionne. Un rien du tout. Mais tout de même, cette vidéo, je ne sais pas si c’est moi… Symboles faciles, c’est vrai, le chat, l’eau, la feuille, les couteaux par dizaines… Une grande sincérité, une croyance, là elle et le cosmos se résolvent en une petite gerbe d’images flux, c’est beau, c’est fragile et c’est beau, peu importe la qualité quand on n’a pas de goût. Il en faut peu, est-ce peu ?
Sortir de la grotte. Des portes comme dans une banque, appuyez sur le bouton, elle s’engouffre dans le mur sans un bruit, un pas, elle se referme, on est dans l’autre monde. Cavernes et portes de banques, ou où sont nos miroirs. C’est toujours la même chose, à peu de choses près, on finit par ne plus utiliser que toujours les mêmes outils. A en changer ou souvent ou devenir virtuose, sans doute.
J’ai même pas faim. L’horreur en bouche, en cœur et sur la peau. Ne pas vouloir plus qu’il n’est possible, quitte à ne pas suivre le moment venu. Et rien de violent.
Vivement le retour. L’ordinateur éteint et les yeux dans les livres.
Slow day en boucle en boucle en boucle, au pays des morts même pas zombis, entre le bateau de Van Gogh et un rêve mort, I wish to weep et Buk qui plane, mais sans son rythme. Sans violence. Un coup d’aiguille de trop, ou le temps qui tricote.
Des milliers de pages dans mon sac, et j’en ajoute quelques-unes à ce rafiot même pas saoul. Il m’est fortement déconseillé de sortir de ma bulle, la rencontre avec d’autres systèmes nerveux tout proches risque de provoquer des courts-circuits dramatiques. Garder pour soi, se retrancher, et monter le son du casque (comme si je n’aimais pas les crêpes, franchement ! c’est juste que je n’ai pas faim, et cette voix de vipère dévariée, écorchée comme un bœuf à l’origine du monde, soubrette cabotine qui ne reste pas courbée). Dans la rue le son du casque tient mon rapport au monde, je suis bien entre deux choses, et non pas seul à me retenir au mur en gerbes stomacales ou fasciné terreur et finir en vertiges si le trottoir ne décide de ma chute. (Imaginez une prof ceinte de ses paradigmes pour ses rapports au monde qui ne comprend pas le mp3…)
Un autre écrit : « On ne pourra faire totalement l’économie ou ‘‘le ménage du psy’’ tant celui-ci est devenu patrimonial, paradigmatique, outil de crédibilité, de séduction, de conflit, ou d’enfermement. En ce qui concerne la psychologie, son offensive est à considérer sous l’angle du marché et de l’accréditation de nouveaux spécialistes. En somme je pourrais dire avec le docteur Knock : « Tout bien portant est un malade qui s’ignore », et dresser les cartes d’état-major afin de suivre l’évolution de la maladie et des spécialistes » (Dufoulon, Femmes de paroles, Métailié, 1996, p. 142). Les entrepreneurs de morale… C’est la sociologie la science des outils, pas la psychologie ! ; par les représentations, même, si vous voulez.
Pour finir encore un mail d’un ami relayant le mouvement pro-débat sur le changement climatique (pensez bien à éteindre vos lumières le je ne sais plus combien de février, hurlent-ils tous en cœur). Je ne connais (presque) pas une personne qui ne me l'ait fait passer. Au journal de la radio, ce soir, c'était le premier titre, le changement climatique. On entendait pas très bien, malgré moi j'ai entendu tout seul "un degré de plus depuis ce matin 8h". Sloterdijk livre quelques clés là-dessus. Curieux les débats qui surgissent en période électorale. Des lapsus collectifs, mieux que des mythes, des mythes en acte psychologique. Il est vite fait d'avoir mauvaise réputation ; si ce n'était que le 14 juillet... Un parfum de chamanisme, même... Mais des lapsus si énormes, s'il ne reste plus que ça pour nous relier...
J'ai juste un peu de mal avec ces ambiances-là.
J’ai trouvé une bonne liste de diffusion sur radio blog, au hasard de Brassens : http://www.thomasvidal.com/radio.blog/ .
Un peu d’ouverture, un peu de diversité. Je vais retourner dans les livres.
Lorsque l’on joue du piano, même et surtout si l’on ne sait pas jouer, on croit que c’est très beau, et que si ce n’est pas beau, c’est quelque chose, de toute façon, on ne sait pas quoi, quelque chose de très bien. L’important n’est pas là. Les transformations produites en soi.
(Oh, y’a même une tête de chou !)
« Le papillon vole selon 2 modes différents : pilotable à 4 lignes et dirigeable à une ligne, c'est à dire combattant. D'un dessin très simple, il est aussi de construction très simple. En combattant, il vole dans un vent faible voire nul : il démarre avant les Deltas monofils, permet le 360° ».
« Lorqu'il grossit, le bernard-l'hermite doit changer de coquille. Dès qu'il en trouve une qui lui convient, il la pare avec une anémone, une étoile, une branche de corail, etc. Lorsqu'il en change, il doit recommencer ».
On trouve de tout sur le net.
Se pilote à quatre mains en l’absence de coquille.
samedi, janvier 20, 2007
Dernières nouvelles d'un pas grand-chose
J’ai ‘‘destressé’’, je me suis ‘‘calmé’’. J’ai enlevé ma veste, mon écharpe et mon pull, sous lesquels j’étais en nage, j’ai chié et pissé, j’ai mangé ; voilà, je suis à peu près calme, si l’on excepte msn et Internet.
Les causes peuvent être recherchées dans quelques éléments : je n’avais rien mangé depuis le grignotage d’hier soir, j’ai bu un café et deux cocas au café, fumé trop de clopes, j’avais trop chaud sous ma veste et mon pull, car il fait grand soleil (qui là inonde la pièce aux couleurs chaudes, les grains de poussière sont très jolis), j’avais ma veste ouverte avec l’écharpe, et le pull le futal les chaussures, je me trouvais très bien (pour moi, j’entends). Je commençais à marcher dans ces rues que je ne connais que peu, trouvant mon chemin sans trop y penser, sans qu’il soit habituel non plus. J’avais un but certain, un rythme de marche, tout allait bien.
Cela a commencé avec des paroles comme « it is sweet to hear your voice », faisant penser à du Jeff Buckley, « it has begun to… and touch »… Après il n’y a plus de paroles, et puis il y a des trous (pour une fois, il y a une langue précise, en même temps). Ensuite c’était plutôt de cette espèce de blues que Tarantino aime bien mettre dans ses films, façon Nancy Sinatra, c’est son morceau qui me vint en tête sur le moment.
Après cela, du violoncelle, puis du violon, des notes : voilà, de la musique juive ! Mais nécessité de trouver le « troisième temps de la valse », n’est-ce pas, alors on essaye, on tâtonne, et bientôt les percus doivent faire leur petite entrée. C’est arabe, comme musique, là, plutôt, dirait-on. Mais voilà déjà une voix, une voix d’outre-tombe toute japonaise.
Après… après, pas grand-chose. Un bref mot conscient, tenter d’être ‘‘normal’’, de se dire des choses comme d’habitude, mais l’angoisse se fait sentir, le manque d’air… Juste après m’être demandé si j’allais rester debout ou si j’allais commencer une sorte de transe. Sortir ou y rester, et se poser la question c’est déjà en sortir… Alors en sourdine le rythme continue, mais maintenant à l’arrière-plan.
J’arrive à l’appartement, je suis en nage, j’ai le cœur qui bat trop vite, il me faut me calmer. Tout cela est très normal, même banal, je le sais bien, mais d’un autre côté, du côté de la ‘‘normalité’’, cela tend plutôt du côté de l’étrange et du pathologique. Enfin, c’est moi, avec ma culture composite de bâtard jamais enraciné. Sans beaucoup d’originalité, sans aucune virtuosité, mais que voulez-vous y faire. Je me sens bien, voilà tout. Comme cette fois où, gaillardi par deux bières, je fis sans même y penser quelques kilomètres à vélo, dont quelques uns dans une légère cote, sur le grand plateau, moi qui n’ai ni muscles ni souffle, arrivant avec les poumons comme s’ils avaient triplé de volume, le cœur battant au maximum, me chantant des chansons comme on peut en entendre dans O’brother, des chants des champs, du travail, en lancinante psalmodie. Entre deux prises de tête et l’heureuse perspective d’un voyage à l’autre quart du monde, voilà les dernières nouvelles d’un pas grand-chose.
lundi, janvier 15, 2007
Quelques mots pour tous les autres, quelques mots avant de partir
mercredi, janvier 10, 2007
Picore
« L’homme n’échappe aux lois de ce monde que la durée d’un éclair. Instants d’arrêt, de contemplation, d’intuition pure, de vide mental, d’acceptation du vide moral. C’est par ces instants qu’il est capable de surnaturel. » Simone Weil
« L’amour, oisif lui-même, est né pour les oisifs. » Euripide, cité par Plutarque
« Celui qui se soucie le moins du lendemain le saluera avec le plus de plaisir. » Plutarque
dimanche, janvier 07, 2007
Emploi du temps de la semaine
Etre plus léger.
Bien comprendre et mettre en pratique ceci : ce que l’on voit dépend du regard que l’on porte.